A ce jour, grâce à l’action conjointe d’Hypophosphatasie Europe et de ses partenaires scientifiques, médicaux et industriels, trois pistes thérapeutiques aux modalités de prise en charge différentes sont envisagées pour soigner les patients atteints d’hypophosphatasie.
Stimuler les chercheurs pour qu’ils avancent plus vite, plus loin vers les thérapies ou les laboratoires pharmaceutiques pour qu’ils avancent encore plus vite sur la mise à disposition concrète, et à un prix abordable, du traitement pour les malades qui en ont le plus besoin, telle est aujourd’hui la mission que s’est fixée Hypophosphatasie Europe.
Pour y parvenir, elle entend :
Nous ne disposons pas encore de toutes les clés de compréhension de la maladie qui, selon l’âge, selon la forme, selon la mutation concernée, s’exprime différemment, mais aussi réagit différemment au traitement potentiel qui existe à ce jour. Autant de bonnes raisons de continuer de soutenir la recherche fondamentale.
C’est au cours du symposium scientifique international organisé par l’association en mai 2007 qu’en première exclusivité mondiale une annonce a été faite aux scientifiques, médecins, malades et familles présents.
Le laboratoire canadien Enobia Pharma qui travaillait alors en étroite relation avec le Pr J-L Millan, a annoncé qu’un traitement (à base de phosphatases alcalines de synthèse) efficace contre la maladie sur des souris avait été trouvé..
Comment cela fonctionne ?
L’enzyme humaine est légèrement modifiée afin qu’elle cible bien l’os puis elle est réinjectée dans le corps du malade durant toute sa vie, en petites doses tous les 2 ou 3 jours.
Entre 2008 et 2012, de nombreux protocoles ont été mis en place car après avoir longtemps cherché, puis après avoir trouvé, toute la question est de faire la démonstration, in vivo, que cela fonctionne sur les patients concernés.
Les chercheurs ont alors passé le témoin aux médecins en charge de la réalisation des essais et ont ouvert un temps d’exploration souvent long, trop long pour les petits malades et les familles qui attendent. Un temps incompressible au regard des réglementations en vigueur à appliquer obligatoirement, mais aussi, au regard de la durée nécessaire pour pouvoir constater et mesurer d’éventuels effets.
Plusieurs protocoles cliniques ont été mis en œuvre :
En mai 2012, une partie du colloque a été consacrée à décrire les améliorations cliniques constatées chez les enfants (notamment sur les aspects liés à la minéralisation des os, à la capacité respiratoire, à la fonctionnalité et à la mobilité, au seuil de douleur ressenti etc.) par la voie de la substitution enzymatique.
Il faut rappeler que, pour le moment, cette thérapie de remplacement enzymatique liée à l’os ne conduit pas, en l’état, à une guérison, mais qu’il s’agit d’un traitement à prendre toute sa vie.
A noter : les études cliniques débutées en 2008 sur des nourrissons et des enfants jusqu’à 12 ans sont toujours en cours et semblent globalement encourageantes. Chez l’adulte, celles-ci devraient débuter prochainement.
Cette perspective de traitement par voie de thérapie génique a été confirmée et développée par le Pr Shimada et son équipe (Japon) pour les scientifiques, médecins et malades présents lors du symposium de mai 2012.
Ceux-ci ont mis en évidence les résultats très significatifs des essais menés in utero sur des souris Ko (modifiées génétiquement afin qu’elles soient atteintes de la maladie) : un adénovirus (c’est-à-dire un virus contenant le gène normal) a été injecté par voie intra-utérine à des souris malades âgées de 15 jours de gestation. L’objectif était de permettre à ce virus d’infecter les cellules de la souris malade (et notamment les cellules du tissu osseux), ce qu’il a fait admirablement bien puisque l’effet de la protéine « médicament », apportée par le virus, a permis aux souris de survivre plus longtemps.
Tout l’enjeu est, à présent, de poursuivre ce travail pour trouver une technique permettant d’encore mieux de cibler les cellules osseuses sur lesquelles le traitement doit agir.
Si ces recherches se situent encore très en amont d’une possible application à l’humain, celles-ci donnent un espoir de parvenir, à terme, à traiter les enfants à naître atteints de la forme la plus sévère de la maladie (néonatale ou périnatale). Autre intérêt : cette voie thérapeutique viendrait en complément de la substitution enzymatique et non en concurrence, puisqu’elle ne toucherait a priori pas les mêmes publics.
Ce type de thérapie présenterait aussi les avantages suivants par rapport à la technique de remplacement enzymatique :
En 2011-2012, l’association a cherché à créer des liens de collaboration avec le laboratoire pharmaceutique Novartis, situé à Bâle (Suisse).
C’est, en effet, à cette période que le laboratoire débutait très activement l’exploration d’une piste pharmacologique qui pourrait concerner les formes modérées de l’hypophosphatasie dont souffrent les adultes. L’idée poursuivie par celui-ci serait de conjuguer l’action de deux médicaments déjà existants et actuellement utilisés, séparément, pour d’autres pathologies.
Pour le moment, l’association n’a plus beaucoup d’informations sur cette piste qui semble stagner un peu. Aussi, cherche-t-elle à retisser un lien tenu avec cet industriel afin de l’inciter à continuer la recherche dans ce domaine et à le stimuler.
Sur cet aspect « traitements » possibles, ont été également abordés, lors du symposium de mai 2012, les thèmes suivants pour lesquels il n’existe pas à ce jour de réel consensus entre médecins et scientifiques :